# vendredi 11 janvier 2013 – Les jours gris

C’est le 10^e jour auquel je puis appliquer cette épigraphe.

Je pourrai renouveler l’opération demain.

Dix jours privés de lumière. La dernière fois que j’ai vu le soleil, c’était l’an dernier.

Il règne au dehors un silence mouillé sur un monde sans ombres. Il sourd de la mélancolie.

Les jours gris sont des jours mornes.

Il grise. On n’y peut rien changer.

Les jours gris passent sur la campagne avec l’effrayante constance d’une éternité.

Il faut des ruses pour se défendre du spleen. Le coup de calcaire n’est jamais loin comme on dit en Quercy.

Oublier le dehors en allumant partout des lumières dedans.

Ne pas jeter par la fenêtre ne serait-ce qu’un regard.

Broyer le silence morose en écoutant de la musique.

Se dire qu’il y a pire. Dans la vie antérieure de mes voyages en Asie, j’ai été passagère de contrées où les jours gris viennent s’échouer pendant des semaines et des mois. Hanoi et le delta du fleuve Rouge. Ou encore la province du Guizhou dans le sud-ouest de la Chine.

Se dire aussi que pendant ce temps les jours gagnent sur les nuits...

À l’entrée « Gris », Le Petit Robert établit une distinction de sens entre :

I. D’une couleur intermédiaire entre le blanc et le noir.

II. N. m (xv^e s.) Couleur grise.

Les jours gris ressortent du premier. Ils ne ressemblent à rien. Sales, vaguement. Maussades toujours. La couleur grise au contraire est d’une élégance infinie. Avec la touche de mélancolie de l’hiver. Cet hiver justement, le gris est à l’honneur sur les Tumbleurs. On en jugera sur The Poetry of Material Things. Ou encore dans le portfolio no04 d’Aimee Selling. Côté blogs, on savourera la modestie élégante du gris en feuilletant les pages de Grijs, qui l’a pris pour bannière.