#50 À la lisière du vaste été
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Le vieux moine poète vivait en ermite
Se nourrissant seulement du miel de ses abeilles
Personne ne savait que dans chaque goutte de miel
Née de la beauté des herbes et des fleurs
Se cachaient les secrets des poèmes naissant
Quand le vieil homme mangeait son miel
Et crachait en retour de nouveaux poèmes
Il savait qu’il était un vrai enfant du monde
Où le miel est poème et les poèmes miel
Notules
L’image est une production de l'atelier des ombres de la Fabrique à images (département qui attend toujours le court exposé de son fonctionnement. À venir). Elle se compose de la projection d’un rameau de noisetier tortueux rapportée de ma visite au jardin de Jean et Yvonne par une journée brûlante. Un très vieux Sphinx est venu se poser sur l’ombre de la branche pour contempler l’imperceptible mouvement des perles de carotte sauvage. C’est une des mille et une manières dont les Sphinx font la pratique de l’oisiveté.
Le titre du billet est tiré d’un poème de François Cheng que voici :
Les arbres de l’infinie douleur
Les nuages de l’infinie joie
Se donnent parfois signe de vie
A la lisière du vaste été
L'autre poème est de Su Dongpo (1036-1101), dans une traduction de Claude Roy (L’Ami qui vient de l’an mil : Su Dongpo, Gallimard, Paris, 1994).
Ces poèmes figurent parmi les pages d’un merveilleux livre de peinture de François Cheng : Toute beauté est singulière, Peintres chinois de la Voie excentrique, Éditions Phébus, Paris, 2004. À butiner en toute saison et sans modération.