Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L’Œil Végétal
26 octobre 2013

#57 Épître

 

 

12-21, Papiers (9)

« Il est peu fréquent qu’un particulier ait l’occasion d’écrire à un roi ou à un empereur. Du train dont vont les choses, cette occasion se présentera de plus en plus rarement.

(...) il vaut mieux savoir comment une femme bien élevée doit écrire à un souverain – si elle a à lui écrire et si elle n’a point pour la guider les conseils de M. Dutasta.

Plus que jamais, ici le papier blanc de grand format est nécessaire, plus que jamais, les coutumes concernant les marges, la place de la date, etc., etc., doivent être observées.
Comme suscription, sur l’enveloppe :

A Sa Majesté Alphonse XIII
Palais de l’Escurial, Madrid.

... si c’est, bien entendu, au Roi d’Espagne que l’on écrit.

 

Epitre1

 

 

 

Entre parenthèses, cacheter son enveloppe à la cire est, dans les cas solennels, particulièrement indiqué – et élégant.

La lettre au Souverain débute par le mot « Sire » – et l’on appelle « Madame » la Souveraine à laquelle on écrit. Pour l’une, comme pour l’autre, la « troisième personne » est de rigueur, et les formules sont les mêmes que celles à employer lorsqu’on écrit au Saint-Père, en remplaçant « Votre Sainteté » par « Votre Majesté ».

Mêmes tournures, même style lorsqu’on écrit à un prince, une princesse de sang impérial ou royal. Mais l’« Altesse » remplace la « Majesté » et peut, sans incorrection, sur l’enveloppe seulement, s’écrire en abrégé.

S. A. R. la Duchesse de V ...

 

Epitre2

 

 

 

Une femme sera au début de la lettre, appelée « Madame », un homme « Monseigneur », et le ton général – où l’expression « respect » n’interviendra pas forcément – sera fort déférent. A défaut de respect, il faut au moins faire agréer aux Altesses Royales l’« expression de son entier dévouement ». On écrira, par exemple :

« Madame

Votre Altesse Royale a bien voulu m’autoriser à lui rappeler sa généreuse promesse de tenir un comptoir à la vente de bienfaisance, etc., etc. Je remercie à l’avance Votre Altesse Royale de sa bienveillance et la prie de croire à mes sentiments de parfaits dévouement
– ou de profond respect »
c’est affaire d’âge et de sentiment.

Et maintenant, pour conclure, rappelons que « le style, c’est l’homme » et qu’une tournure de phrase un peu personnelle, qu’aura inspiré un sentiment sincère, sera supérieure aux plus correctes formules dictées par la civilité puérile et honnête. »

[C. de B. et H. M., "Comment on écrit une lettre", in Le Journal des Demoiselles du 15 Févier 1920.]

 

Epitre3

 

 

 

 

12-21, Papiers (10)Notules

Des recherches iconographiques m’ont fait croiser cette page de recommandations. Comme moi, vous n’avez probablement pas eu l’occasion encore de devoir adresser une lettre à un souverain. Sait-on jamais. L’usage, de nos jours, étant de précéder en tout, et dans l’improbable surtout, j’ai pensé qu’il serait sage de prendre note de ces conseils et opportun de vous en faire profiter. Cependant, je me demande bien qui était le M. Dutasta dont il est question dans le préambule...

 

A toutes fins utiles, j’enrichis les conseils du Journal des Demoiselles de ces quelques autres plus récents, tirés de Le savoir-vivre et les usages du monde de Berthe Bernage (éditions Gautier-Languereau, 1936).

Le papier, sa couleur, son format. — Le choix du papier a son importance. Le plus simple est le plus distingué : sa qualité le rend élégant. La mode est aux lettres écrites sur feuilles détachées d’un bloc ; ces feuilles sont assez grandes. On écrit sans les plier, des deux côtés, ou d’un seul côté. Les papiers de couleur trop vive ne sont pas de bon goût : le blanc, le gris, le mauve, l’azur plus ou moins prononcé, plaisent toujours. Les messieurs n’ont pas de papier de fantaisie. Les personnes en deuil emploient un papier bordé d’un filet noir plus ou moins grand suivant le degré du deuil. Beaucoup de veuves gardent toute leur vie un filet noir, extrêmement mince.

Aspect de la lettre. — On ne commence pas à écrire toute en haut du feuillet. La distance qui sépare l’en-tête du sommet de la page est d’autant plus grande qu’on veut témoigner plus de respect. On peut laisser une petite marge à gauche. L’en-tête et la formule finale ont une grande importance car ils varient suivant les relations, le rang social, l’âge. Il y a mille nuances très délicates à observer. La moindre incorrection risque de donner une fâcheuse opinion de notre savoir-vivre.

Le timbre. — On place le timbre très exactement en haut et à droite. C’est une preuve d’ordre et de savoir-vivre.

 

Epitre4

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Z
Un ami, lorsqu'il m'offre du champagne, ajoute cette formule : "On sait jamais, ça peut toujours servir!" Je la lui emprunte donc pour te remercier, avec la claire conscience que le champagne a davantage de chances de "servir" que les conseils fort avisés que tu nous transmets...<br /> <br /> Merci en tout cas, pour ce moment souriant.
Répondre
L’Œil Végétal
  • Carnet d'inspiration, travaux en cours, propos de jardin, fabrique à images, poésie, goût du thé, compagnie des fleurs, carnets de voyages, pensées japonaises, chinoiseries, bouts de papier, pierres étranges, menues choses
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
L’Œil Végétal
Newsletter
Publicité